Le Labo de l’ESS est un think tank initié et présidé par Claude ALPHANDERY qui, depuis sa création en 2010, promeut l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). Son rôle est d’animer et de fédérer des économistes, réseaux, chercheurs et universitaires pour favoriser l’émergence de modèles structurants pour l’ESS sur la base de l’analyse d’initiatives développées sur les territoires. Les quatre thématiques travaillées sont :
- les outils financiers solidaires,
- le réinvestissement des banques sur les territoires,
- les circuits courts de l’ESS,
- les Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE).
C’est cette dernière thématique que nous allons développer afin de mieux comprendre le contexte et la démarche inhérente à ces pôles. Aude BOISADAN, chef de projet PTCE au Labo de l’ESS, nous éclaire en répondant à nos questions.
Pouvez-vous nous expliquer ce que sont les Pôles Territoriaux
de Coopération Economique (PTCE) et dans quel
contexte ils sont apparus ?
Depuis de nombreuses années se sont multipliées des initiatives appuyées sur la coopération des acteurs d’un même territoire, initiatives mises en lumière comme réponses pertinentes alors que se développe une crise économique, sociale et environnementale. Les PTCE ont pour objectif de favoriser le développement socioéconomique
durable de leur territoire en associant des acteurs et des institutions de toutes tailles : entreprises de l’ESS, TPE, PME, artisans, collectivités territoriales, centres de recherche, organismes de formation,
citoyens … Réelle alternative par leur approche socioéconomique,
les PTCE font le pendant à une logique strictement concurrentielle.
Les travaux engagés par le labo de l’ESS [*] et ses partenaires ont permis dès 2012 la mise en œuvre d’une démarche nationale l’expérimentation et de valorisation des PTCE.
Quels sont les objectifs et spécificités de ces pôles ?
Les PTCE sont des processus de coopération qui s’inscrivent dans la durée et génèrent une plus-value économique au sens large. La diversité des espaces géographiques sur lesquels les pôles sont inscrits explique en grande partie la pluralité des objectifs constatés :
- structurer des filières d’activités avec un ancrage territorial,
- offrir une meilleure visibilité institutionnelle de l’ESS,
- renforcer l’économie locale avec la création d’emplois non délocalisables, la consolidation et le développement d’activités, l’acquisition de savoir-faire, la gestion de compétences professionnelles…,
- valoriser les ressources locales (environnementales, humaines et financières),
- concrétiser des projets d’innovation sociale,
- contribuer à la transition énergétique des territoires…
Un plan d’action national a été lancé en 2013 afin d’organiser la démarche des PTCE, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Le programme global qui vise à soutenir l’émergence et le développement des dynamiques PTCE est porté dans le cadre d’une démarche inter-réseaux (CNCRES, COORACE, RTES, MES, Opale) animée par Le Labo de l’ESS. Il s’agit d’organiser le processus d’animation nationale, de caractériser ces modes de coopération
et de développement territorial, et enfin de répondre aux besoins d’ingénierie et d’accompagnement en développant des outils propices à leur développement.
En juillet 2013 le gouvernement a lancé le premier appel à projet afin d’aider les PTCE en phase de consolidation. Quelles sont les prochaines étapes pour le développement des PTCE ?
Cet appel à projets s’inscrit dans une stratégie gouvernementale plus large en faveur du changement d’échelle de l’ESS. Un article du projet de loi ESS qui sera votée en avril 2014 reconnaît l’existence de ces pôles et fixe les modalités de soutien de l’Etat. Ceci devrait favoriser l’inscription des PTCE dans les politiques publiques.