Interview d’Hugues Sibille, Vice-Président du Crédit Coopératif.
Le Crédit Coopératif est partenaire, pour la 3ème fois, des 7èmes Rencontres nationales qu’organise CHANTIER école les 17 et 18 octobre prochain à Toulon, que représente ce partenariat pour
le Crédit Coopératif et comment se traduit-il ?
La vocation du Crédit Coopératif, précisée dans sa déclaration de
principes, est de « concourir au développement des personnes
morales qui composent l’économie sociale ». Son engagement
auprès des adhérents du réseau CHANTIER école est donc tout naturel. Le Crédit Coopératif partage avec « CHANTIER école » une vision de l’économie comme étant au service de l’homme, une économie centrée sur l’homme.
- Hugues Sibille, vice-président du Crédit Coopératif
Le rôle du Crédit Coopératif est d’être un banquier utile aux gens utiles. C’est notre choix et nous sommes fiers d’accompagner le congrès de Toulon après avoir accompagné celui de Poitiers et celui de Nantes.
Que pensez-vous de ce rapport IGAS/IGF sur le financement de l’IAE
qui a suscité beaucoup de controverses dans le secteur ?
Je pense que ce rapport s’est révélé utile car il a permis de mettre à plat les questions du financement de l’IAE. En particulier il a servi de base aux travaux du Conseil National (CNIAE), qui, sous l’impulsion remarquable de sa nouvelle Présidente, Christiane Demontès, a réussi à établir un premier accord sur ces questions de financement entre les réseaux de l’IAE et le Gouvernement. Ceci n’aurait sans doute pas été possible sans le rapport de l’IGAS. Je suis plus réservé sur le fait que le rapport n’a pas abordé la question du retour sur investissement du financement de l’IAE. En particulier les études de l’Avise montrent que chaque euro investi dans l’IAE fait remonter de l’argent (2,3 euros ?) dans les caisses publiques. Le rapport passe cela sous silence.
Un projet de loi sur l’ESS sera présenté au parlement et devrait être adopté avant la fin de l’année. Pensez-vous que cette loi puisse structurer l’ESS et avoir un impact significatif pour le développement du secteur ?
Cette loi sera une avancée très importante car elle donnera aux entreprises et structures de l’ESS, la reconnaissance qu’elles n’ont pas encore. Avec un ministère de l’ESS, une loi cadre de l’ESS, et un volet ESS au sein de la Banque publique d’investissement, notre secteur va connaître de vraies avancées. Benoît Hamon a arbitré de façon équilibrée et ouverte pour la définition de l’ESS entre la définition historique par les statuts et celle par la finalité d’utilité sociale. C’est une bonne chose et il faut le féliciter du remarquable travail d’écoute qu’il a réalisé. La loi sera utile pour conforter les projets, créer un environnement favorable, convaincre les financeurs qu’il s’agit d’une « vraie économie ». Mais une loi ne fait pas en elle-même du développement. C’est aux acteurs de l’ESS eux-mêmes de transformer l’essai et de passer aux actes, notamment en se développant dans des secteurs innovants et à potentiel, comme le recyclage, la transition énergétique, les circuits courts, l’économie collaborative ou numérique, etc. A titre personnel, je suis favorable à un Plan de développement qui accompagne la loi, pour décliner des objectifs quantitatifs, secteur par secteur.
Le Crédit Coopératif est très actif depuis des années dans l’économie sociale et solidaire, notamment avec sa Fondation, pouvez-vous nous parler un peu plus de vos actions et des projets à venir ?
Il faut distinguer le rôle de la Fondation qui, comme toute fondation d’entreprise, fait du mécénat et le rôle de la banque. Avec 1,5 million d’euros de budget annuel, la Fondation du Crédit Coopératif est l’une des premières fondations françaises consacrée à l’économie sociale. Elle remet chaque année le trophées de l’initiative à des projets innovants. Le numéro récent d’Alternatives économiques, « La Fabrique de l’innovation sociale », rend compte du magnifique foisonnement d’initiatives financées par la Fondation du Crédit Coopératif. Elle va continuer, tout en soutenant les recherches, absolument nécessaires qui portent sur l’évolution de notre secteur, ses nouvelles frontières (Addes).
La banque Crédit Coopératif de son côté anime des partenariats de développement avec les grandes fédérations de l’ESS qui sont souvent ses sociétaires, voire des membres de son Conseil d’administration. Elle travaille aussi de manière rapprochée avec de grands réseaux de l’insertion.
Parmi ses projets, le Crédit Coopératif entend :
- Accompagner les axes de développement prévus par la loi, par exemple sur la mise en place du titre associatif ou les nouvelles coopératives, reprises de PME par les salariés, CAE, SCIC, etc.
- Etre un partenaire très actif de la Banque publique d’investissement, pour financer des projets de l’ESS et trouver des solutions de fonds propres, notamment avec l’Ides.
- Etre à la pointe de l’innovation qui conjugue innovation financière et innovation sociale, par exemple sur les monnaies complémentaires (SOL), la finance participative (crowdfunding) ou l’investissement à impact social. Le Crédit Coopératif veut rester la banque qui finance les utopies maîtrisées et une banque au coeur des solidarités. Ainsi cet été, nous nous sommes engagés pour financer la caution de l’accès au logement pour les étudiants.