« Le réseau national CHANTIER école vient de clore son assemblée générale. Rien de bien nouveau, chaque année nous assistons à ce rituel qui permet de faire le bilan de l’année écoulée, de mobiliser les acteurs, de partager nos préoccupations… En 2011, nous avons fait le constat d’une progression de notre nombre d’adhérents, nous ayant permis en 8 années de passer de 180 adhérents à 650. Le dynamisme du réseau est réel, la réponse aux attentes est là, c’est le seul réseau de l’IAE qui a connu une telle évolution.
Depuis 2001, pour répondre à cette attente, des dizaines d’outils ont été produits, des formations ont été mises en place, notre métier a été analysé, décortiqué et organisé en cinq fonctions pour en faciliter la lecture. Ce sont ces cinq fonctions associées et animées qui fondent la pédagogie du chantier-école. Des combats ont également été gagnés : l’aide à l’accompagnement financé par l’Etat, le taux unique de cotisation pour les accidents du travail, la participation active à la création de la convention collective, des débuts de financements pour la formation des salariés polyvalents... Le tout en collaboration plus ou moins étroite avec d’autres réseaux de l’IAE.
Demain, pour la première fois dans la cinquième République, le pays
pourrait être dirigé aux différents niveaux de décisions par des personnalités de même sensibilité politique. Et pourtant, à l’heure où j’écris, nous ne nous sommes jamais sentis aussi fragiles dans notre quotidien. La période est difficile ! Et pourtant nous proposons tout simplement de changer, d’accepter de reconnaître des logiques économiques plurielles. C’est seulement à cette condition que l’IAE sur les territoires prendra une place durable et active pour plus de cohésion sociale.
Pour cela, l’exigence de faire ensemble entre les réseaux de l’IAE est
indispensable. Nous devons aller à l’essentiel, défendre, convaincre nos
nouveaux élus que ces modèles économiques qui conjuguent production et utilité sociale sont d’une grande modernité et créateur d’emplois, de richesse locale. L’enjeu de demain est de convaincre nos élus que la croissance c’est aussi accepter des logiques économiques qui se mesurent avec d’autres repères que le seul PIB. Nous avons 5 000 structures de l’IAE sur le territoire qui montrent que c’est possible. Elles ont expérimenté depuis plus de 20 ans, sur des secteurs souvent en émergence, dans l’utilité sociale, réinventé une nouvelle croissance centrée sur l’humain, salariant près de 300 000 personnes par an écartées de l’économie de marché.
Lors de chaque rencontre nationale de CHANTIER école des dizaines,
des centaines d’expériences toutes plus créatives les unes que les autres, ont permis d’asseoir cette réalité dans les territoires. Ces rencontres ont été aussi à chaque fois l’occasion d’ajuster notre projet politique, d’affirmer que notre action est, depuis de nombreuses années, passée de la notion de réparation à celle de l’innovation sociale et économique.
Après 8 années de présidence passionnantes, cette assemblée générale a aussi été l’occasion de passer le relais à un nouveau président, élu lors du dernier conseil d’administration, Emmanuel STEPHANT. C’est une grande responsabilité, beaucoup d’investissement en temps, des équipes dynamiques, des acteurs convaincus, des solidarités actives, mais avec peu de moyens financiers. C’est votre mobilisation qui fait mouvement, qui produit
des solutions locales dans les territoires avec l’appui des associations régionales. Alors poursuivons ensemble, avec cette nouvelle équipe, le travail engagé. »
Jean-Pierre CAILLON